Un jour…j’oserai…

Je la croise souvent le matin, tôt, en prenant le métro, à la bourre, pressée…finalement comme tous ces citadins élevés dans le ronronnement de cette expression « métro, boulot, dodo ».

Pour une femme de la campagne, comme moi, les premiers temps à la capitale ont été effrayants, tous ces gens qui courent dans tous les sens, sans regard ni sourires…

Mais revenons-en à elle, que je croise souvent.

On est gare de l’est et elle c’est une mémé, c’est elle-même qui le dit ou plutôt l’écrit sur son petit bout de carton « une pièce pour mémé ».

Elle est assisse tous les jours au même endroit sur son petit siège pliant, un châle sur les épaules, coquette elle vérifie sa coiffure, un maquillage discret avant d’attendre son gobelet à la main l’aumône des passants.

On dirait presque une image d’Épinal tant elle est belle et correspond à l’image que je me fait d’une mamie gâteau dont on aime entrer dans la cuisine et sentir les effluves de chocolat chaud et de pain d’épice.

Disons qu’elle n’a pas le profil de l’alcoolique SDF du métro.

Que fait-elle là tous les matins ? Pourquoi en est-elle arrivée là, pourquoi la misère s’étend-elle aux mamies novas ?

Finalement elle dérange plus que le clodo crado endormis par terre, elle n’a pas le profil pour être là, comme s’il devait y avoir un profil de la pauvreté, alors que celle-ci touche toujours plus de monde.

Un jour j’oserai lui parler, j’arrêterai de jouer ma parisienne over-bookée pour prendre le temps de discuter avec elle plutôt que seulement lui glisser quelques pièces lavant ainsi ma conscience de cette pauvreté dérangeante.