Non au politiquement correct !
Nous vivons une époque où un nouveau conformisme vient, insidieusement, saper nos libertés :
- nous devons maîtriser notre langage : un sourd est un malentendant,
un con est un mal-comprenant, un nain est une personne à la verticalité
différente…
- nous devons maîtriser nos attitudes : il y a des endroits pour fumer, pour parler au portable, pour flatuler…
Cette évolution, motivée par le respect des autres et le règlement des conflits, est-elle porteuse d’harmonie sociale ou bien est-elle liberticide?
Un film de 1993 a abordé cette vaste question, se plaçant à San Angeles [extension tentaculaire de Los Angeles] en 2032.
Le synopsis :
1996 : un psychopathe criminel et un policier expéditif sont condamnés
à être congelés 70 ans dans une toute nouvelle cryo-prison ; pendant
cette longue période, ils devront subir un lavage de cerveau, en vue de
devenir des citoyens qui ne présentent aucun danger pour les autres.
2032 : la société est désormais non violente, le dernier meurtre remontant à 2016. Le psychopathe est décongelé plus tôt que prévu. La police ne sachant plus comment lutter contre de tels criminels, elle décide de recourir à un policier "à l'ancienne", plus expérimenté en la matière : le flic expéditif, sorti de son hibernation à son tour. Au fil de son enquête, il découvrira un monde "trop parfait", aseptisé.
Dans ce monde, le tabac, l’alcool, la caféine, les sports de contact, la viande, les plats épicés, bref tout ce qui pourrait causer directement ou indirectement l’agressivité, sont illégaux.
Chaque fois qu’on prononce un gros mot, un distributeur automatique vous imprime une amende pour violation du code de moralité verbale.
L’IVG et les échanges de fluides (baisers, rapports sexuels) sont prohibés. Le sexe se vit par le biais d’ordinateurs interconnectés, et la procréation par prélèvements de sperme et d’ovules.
Schwarzenegger a été un Président tellement renommé que les librairies publiques portent son nom, une seule chaîne de restaurants existe, « Pizza Hut », et les radios rediffusent la pub de « Géant Vert » comme étant le tube principal des années 1990.
Ce monde a été créé par un certain Docteur Cocteau, obsédé par son vœu
de créer «une société parfaite, sa société, un modèle d’ordre avec la
pureté d’une colonie de fourmis.»
Pour cela, il traque jusque dans les tunnels souterrains ses ennemis,
ceux qui pensent, aiment lire, faire des barbecues, fumer des cigares
cubains et courir nus dans la rue.
Je ne vous raconterai pas comment se termine le film, ni à quoi servent dans ce futur angoissant les coquillages.
Je vous dirai simplement, du moins à celles et ceux qui n’ont pas déjà reconnu ce pamphlet virulent contre la pensée unique, que ce film, réalisé par Marco Brambilla, s’appelle « Demolition Man » et que l’acteur principal, oscarisé et chevalier des Arts et des Lettres en France, fan absolu de Louis de Funès, s’appelle Sylvester Stallone.
Comme quoi, sa filmographie ne doit pas être méprisée en bloc…