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Remue Méninge
22 juillet 2007

Vous me direz deux ave et trois pater

Voilà un petit texte parodique que j'ai écrit pour Parano (un forum privé) comme les derniers posts que l'on met ici en ce moment. Comme nous n'avons pas trop le temps d'écrire pour Parano, pour ici et pour p'tite graine, on alimente ce blog de nos articles de Parano comme on alimente Parano de nos articles pour ce blog (je ne sais plus très bien dans quel sens ça marche).Mais promis, bientôt un post rien que pour Remue Méninge avec les requêtes Gogole les plus surprenantes !!!

En tout cas, dose d'humour nécessaire pour lire ce qui suit !!!

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Bonjour mes chers confrères,

Nous sommes réunis ce jour pour examiner le cas d’un patient âgé de 33 ans environ, souffrant de symptômes préoccupants muré dans son silence depuis son admission, nous l’avons trouvé sans papier, en haillon et souffrant de malnutrition.
Ce matin, sortant de son mutisme il a écrit une lettre à son père que je vous propose de déchiffrer ensemble en raison du caractère psychotique de cet écrit.

"Notre Père"

"Notre Père qui es aux cieux,"
Moi mon père il traîne plutôt dans les bars, remarquez qu’il arrive qu’il descende aux enfers plutôt qu’il atteigne le 7eme ciel. Puis c’est bizarre de nounoyer son père, le vouvoyer c’est ringard mais ça existe mais dire notre père alors qu’on est fils unique, j’ai du mal à comprendre. Ahhahahahaha…hum… Trêve de plaisanterie, le sujet de cette étude est sérieux. C’est peut-être parce le père est mort et que son fils est profondément affecté par ce décès qu’il nounoie…bref, je n’ai pas la solution, mais en tout c’est sans doute une des raisons de l’internement de notre patient.

"Que ton Nom soit sanctifié,"
Et pour quelle raison sanctifie t-on un nom d’abord ? Parce comme le dit Thessaloniciens 4:7 « Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. ». On peut donc en déduire que la sanctification (à ne pas confondre avec la scarification) c’est l’inverse de l’impureté. Dans le texte qui nous préoccupe on peut en déduire que le fils trouve le nom de son père impur et souhaite qu’on en change, on peut imaginer que le père s’appelle merde ou caca ou prout ou b* ou c*, ce qui nous donne quelques indications sur le nom du patient que nous ignorons.

"Que ton règne vienne,"
On voit ici que le fils est vraiment en forte dépression nerveuse, comment le règne d’un mort peut-il venir ? A moins qu’il ait trop visionné « Le retour des morts vivants », un mort ne revient pas et en plus pas en Roi. Pour régner, la première condition est d’être en vie, puis d’être de descendance royale ce qui ne paraît pas comme on va le voir plus loin très crédible dans le cas qui nous préoccupe.

"Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel."
Bon il est question d’héritage, on peut supposer que pour d’obscures raisons le fils n’a pas pu toucher sa part due. A mon humble avis, le père n’a dû laisser que des dettes. Mais là aussi, pourquoi cette allusion au ciel ? Le patient a peut-être été obligé d’utiliser comme mode de voyage l’avion et a été traumatisé, en tout cas il laisse entendre que c’est la volonté de son père et non la sienne qui a été sollicitée pour un voyage.

"Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour."
On peut comprendre tout le traumatisme d’un enfant qui a toujours vécu dans une extrême pauvreté et qui souhaite au moins une fois par jour un quignon de pain. C’est vrai que l’homme adulte qu’on nous a amené à l’Hôpital psychiatrique était en très mauvaise condition physique, amaigri, les dents à moitié déchaussées, bref tous les signes d’une malnutrition sont présents. Quelle enfance a dû avoir cet homme, réclamant comme seule pitance un bout de pain.
 
"Pardonne-nous nos offenses,"

La mort d’un proche est toujours douloureuse d’autant plus si nous avions des difficultés de communication avec. On sent l’absence de dialogue entre le père et le fils, en tout cas à la fin de la vie du premier.

"Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés."

Cette phrase est très importante, elle révèle les mauvais traitements infligés au fils. Violence, pédophilie, nous ne savons pas encore mais il semble tout de même que le fils lui a pardonné. Si on met en parallèle cette phrase avec la précédente, on voit que le fils se sent coupable des actes qu’on lui a infligés, ce qui est classique chez les personnes souffrant de maltraitance familiale. Quel rôle a eu la mère, nous ne le saurons pas, elle n’est pas évoquée une seule fois dans cette lettre.

"Et ne nous soumets pas à la tentation,"
Est-ce que l’auteur essaye de nous faire comprendre qu’il a peur à son tour de succomber aux mêmes pathologies que son père ? Comme les enfants battus peuvent devenir eux aussi violent sur leurs enfants, est-ce le cas ici ? Ce qui expliquerait les troubles psychologiques importants dont souffre cet homme.

"Mais délivre nous du mal."
On sent qu’il lutte, pour ne pas écouter les démons qui le hantent. Arrive t-il a différencier le bien du mal ? C’est possible mais combien de temps son état va-t-il être stationnaire ? Va-t-il sombrer dans la folie la plus irréversible ? Que de questions sans réponses !

"Amen"

Conclusion de l’état du patient :
Fort état maniaco-dépressif. La médicamentation doit être revue, les doses doublées ou triplées.

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  • Remuer sans faire tourner la mayonnaise… Une envie de partager quelques réflexions sur le monde qui nous entoure, de titiller votre vision de la vie, d’échanger et débattre sur des sujets variés…sur un ton léger et décalé.
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