Vous me direz deux ave et trois pater
Voilà un petit texte parodique que j'ai écrit pour Parano (un forum privé) comme les derniers posts que l'on met ici en ce moment. Comme nous n'avons pas trop le temps d'écrire pour Parano, pour ici et pour p'tite graine, on alimente ce blog de nos articles de Parano comme on alimente Parano de nos articles pour ce blog (je ne sais plus très bien dans quel sens ça marche).Mais promis, bientôt un post rien que pour Remue Méninge avec les requêtes Gogole les plus surprenantes !!!
En tout cas, dose d'humour nécessaire pour lire ce qui suit !!!
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Bonjour mes chers confrères,
Nous sommes réunis ce jour pour examiner le cas d’un patient âgé de 33
ans environ, souffrant de symptômes préoccupants muré dans son silence
depuis son admission, nous l’avons trouvé sans papier, en haillon et
souffrant de malnutrition.
Ce matin, sortant de son mutisme il a écrit une lettre à son père que
je vous propose de déchiffrer ensemble en raison du caractère
psychotique de cet écrit.
"Notre Père"
"Notre Père qui es aux cieux,"
Moi mon père il traîne plutôt dans les bars, remarquez qu’il arrive
qu’il descende aux enfers plutôt qu’il atteigne le 7eme ciel. Puis
c’est bizarre de nounoyer son père, le vouvoyer c’est ringard mais ça
existe mais dire notre père alors qu’on est fils unique, j’ai du mal à
comprendre. Ahhahahahaha…hum… Trêve de plaisanterie, le sujet de cette
étude est sérieux. C’est peut-être parce le père est mort et que son
fils est profondément affecté par ce décès qu’il nounoie…bref, je n’ai
pas la solution, mais en tout c’est sans doute une des raisons de
l’internement de notre patient.
"Que ton Nom soit sanctifié,"
Et pour quelle raison sanctifie t-on un nom d’abord ? Parce comme le
dit Thessaloniciens 4:7 « Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté,
mais à la sanctification. ». On peut donc en déduire que la
sanctification (à ne pas confondre avec la scarification) c’est
l’inverse de l’impureté. Dans le texte qui nous préoccupe on peut en
déduire que le fils trouve le nom de son père impur et souhaite qu’on
en change, on peut imaginer que le père s’appelle merde ou caca ou
prout ou b* ou c*, ce qui nous donne quelques indications sur le nom du
patient que nous ignorons.
"Que ton règne vienne,"
On voit ici que le fils est vraiment en forte dépression nerveuse,
comment le règne d’un mort peut-il venir ? A moins qu’il ait trop
visionné « Le retour des morts vivants », un mort ne revient pas et en
plus pas en Roi. Pour régner, la première condition est d’être en vie,
puis d’être de descendance royale ce qui ne paraît pas comme on va le
voir plus loin très crédible dans le cas qui nous préoccupe.
"Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel."
Bon il est question d’héritage, on peut supposer que pour d’obscures
raisons le fils n’a pas pu toucher sa part due. A mon humble avis, le
père n’a dû laisser que des dettes. Mais là aussi, pourquoi cette
allusion au ciel ? Le patient a peut-être été obligé d’utiliser comme
mode de voyage l’avion et a été traumatisé, en tout cas il laisse
entendre que c’est la volonté de son père et non la sienne qui a été
sollicitée pour un voyage.
"Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour."
On peut comprendre tout le traumatisme d’un enfant qui a toujours vécu
dans une extrême pauvreté et qui souhaite au moins une fois par jour un
quignon de pain. C’est vrai que l’homme adulte qu’on nous a amené à
l’Hôpital psychiatrique était en très mauvaise condition physique,
amaigri, les dents à moitié déchaussées, bref tous les signes d’une
malnutrition sont présents. Quelle enfance a dû avoir cet homme,
réclamant comme seule pitance un bout de pain.
"Pardonne-nous nos offenses,"
La mort d’un proche est toujours douloureuse d’autant plus si nous
avions des difficultés de communication avec. On sent l’absence de
dialogue entre le père et le fils, en tout cas à la fin de la vie du
premier.
"Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés."
Cette phrase est très importante, elle révèle les mauvais traitements
infligés au fils. Violence, pédophilie, nous ne savons pas encore mais
il semble tout de même que le fils lui a pardonné. Si on met en
parallèle cette phrase avec la précédente, on voit que le fils se sent
coupable des actes qu’on lui a infligés, ce qui est classique chez les
personnes souffrant de maltraitance familiale. Quel rôle a eu la mère,
nous ne le saurons pas, elle n’est pas évoquée une seule fois dans
cette lettre.
"Et ne nous soumets pas à la tentation,"
Est-ce que l’auteur essaye de nous faire comprendre qu’il a peur à son
tour de succomber aux mêmes pathologies que son père ? Comme les
enfants battus peuvent devenir eux aussi violent sur leurs enfants,
est-ce le cas ici ? Ce qui expliquerait les troubles psychologiques
importants dont souffre cet homme.
"Mais délivre nous du mal."
On sent qu’il lutte, pour ne pas écouter les démons qui le hantent.
Arrive t-il a différencier le bien du mal ? C’est possible mais combien
de temps son état va-t-il être stationnaire ? Va-t-il sombrer dans la
folie la plus irréversible ? Que de questions sans réponses !
"Amen"
Conclusion de l’état du patient :
Fort état maniaco-dépressif. La médicamentation doit être revue, les doses doublées ou triplées.