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Remue Méninge
7 août 2007

Z'avez pas vu Mirza?

13 août 1998, dans un champ de Montcuq (Lot), un coup de feu résonne : Nino Agostino Arturo Maria Ferrari, dit Nino Ferrer vient de se donner la mort d’une balle en plein cœur, un mois après le décès de sa mère.

Si tout le monde est capable de massacrer « Le Sud » au karaoké ou de chanter « Mirza » ou « Le téléfon » dans le but de faire rire les mômes (qui vous jettent un rapide coup d’œil consterné et reviennent vite à leur PS 2), la caractéristique multiforme de la création de Nino est moins connue.

Nino Ferrer a passé les premières années de sa vie en Nouvelle-Calédonie. Il a fait des études d'ethnologie et d'archéologie préhistorique à la Sorbonne, tout en se consacrant à ses deux passions : la peinture et la musique.
Après un tour du monde sur un cargo, il se lance à corps et cœur perdus dans le jazz ; il accompagnera la grande chanteuse Nancy Holloway.

Ses propres compositions sont refusées par les maisons de disques jusqu’en 1965, avec le tube « Mirza » (Z’avez pas vu Mirza…) D’entrée naît l’ambiguïté qui marquera sa carrière : il est cantonné dans les chansons débiles (« Oh ! Eh ! hein bon », « Le téléfon »,…) ou alimentaires (« Le Sud », qui le gonfle grave). Alors qu’il écrit des chansons plus graves, ou plus subversives. Par exemple, écrire dès 1961 çà, fallait le faire :

« La crasse et le vide
La gueule et l'angoisse
La guerre aux métèques
Nègres, Juifs ou chiens
Ça n'fait rien

Cannabis indica
Chanvre et Marie-Jeanne
Opium, haschisch
Blanche neige
Stick, kif, trip et joint
Herbe et voyage
Au bout de l'acide lysergique ditylamide
Et la nuit... »

Nino disait de lui : « Quand j'étais petit je n'étais pas grand et il y avait la guerre partout. Les circonstances de la vie firent de moi un enfant solitaire dans une campagne désertique et par la suite un individu halluciné dans un monde de martiens. Peu importent les péripéties, il en résulte que l'imagination reste pour moi la fonction cérébrale la plus séduisante. Il se trouve par ailleurs que je suis depuis toujours poussé à traduire en langage artistique les émotions qui me bouleversent. Et c'est pour cela que j'ai sans cesse tenté de dessiner, peindre, écrire, jouer de la musique, transformer des maisons, créer des jardins, tourner des films, mettre en scène des spectacles, bref organiser le monde en fonction de ma sensibilité esthétique. Et j'ai vite compris que je ne pouvais rien faire de bon si je n'étais poussé par une passion, d'amour, d'amitié, de révolte ou d'ailleurs. »

Dans ses premières années, Nino compose en vers réguliers, mais très vite, il laisse aller librement son imagination et sa plume, concoctant de véritables poèmes un peu bizarres, comme « Je vends des robes » :

« Si j'aurais pu, j'aurais aimé,
vivre à la campagne toute l'année.
Avec des moutons, des cochons, des oignons, des lampions,
des voisins, des machins, des raisins, des pépins,
des clôtures, des voitures, des toitures, des ordures,
des poulets, des pommiers, des bergers,
mais,
je vends des robes,
à des femmes jolies, petites et blondes,
ou grandes et distinguées,
ou rousses et mal élevées,
ou grosses et décoiffées
de toute espèce, qui me font tourner en bourrique. »

Lorsque dans les années 70, avec le fric gagné avec « Le Sud » il se paye un studio d’enregistrement et se consacre exclusivement à un blues-rock exigeant, il sombre dans l’oubli. Son suicide ne fera pas grand écho à la télé ou dans la presse…

Alors, aujourd’hui, quand on entend les mongoliens de la Star’Ac reprendre « Le Sud » en chœur avec des tronches pâmées, on se dit : « Putain de réalité qui fait monter la rage ».

Pour finir, un tout petit aspect de ses talents picturaux, avec un autoportrait :

Nino_Ferrer









Vous l’avez compris, j’ai puisé plein d’éléments sur ce site magnifique : http://www.nino-ferrer.com/

Et comme tu manques, Nino, un dernier pour la route, le « Blues antibourgeois » :

« Moi j'ai pas envie de travailler,
Je n'aime pas les congés payés,
moi je veux des filles et de l'argent,
des beaux costumes et du bon temps.
Dormir le jour, courir la nuit,
çà c'est ma vie.

Moi les bourgeois ça me fait frémir
avec leur fric et leurs tirelires.
Ils n'aiment pas mes cheveux dans le cou,
moi je les emmerde et je m'en fous.
Je me tape leurs filles et leur whisky,
çà c'est ma vie. »

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Remue Méninge
  • Remuer sans faire tourner la mayonnaise… Une envie de partager quelques réflexions sur le monde qui nous entoure, de titiller votre vision de la vie, d’échanger et débattre sur des sujets variés…sur un ton léger et décalé.
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