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Remue Méninge
26 mars 2008

A votre service.

Un petit texte écrit pour parano.be autour de l'univers absurde de Douglas Adams, je me suis toujours demandé en lisant "le guide du voyageur galactique" et notamment le deuxième tome "le dernier restaurant avant la fin du monde" à quoi pouvait donc ressembler la vie d'une serveuse dans ce restaurant.

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J’avais écumé tous les petits boulots possibles, de planète en planète, de système solaire en géante gazeuse, sans trouver où me fixer quelque part.

La bougeotte est une maladie qui s’attrape jeune et dont on a du mal à se débarrasser. Pour voyager le plus simple, en plus de ne pas oublier sa serviette, est de connaitre toutes les boissons locales et surtout le Gargle Blaster Pan-Galactique.
Car le point commun à tous les systèmes planétaires c’est les bars. On peut donc devenir serveuse inter galactique beaucoup plus facilement que coiffeuse (la plupart des espèces étant chauves, je vous le rappelle).

J’étais donc serveuse sur une géante naine, un monde horrible rempli de poètes avinés, quand je pris connaissance d’une annonce alléchante :
- Cherche serveuse aimant l’aventure extrême à plein temps à Milliways pour travailler dans « Le Dernier Restaurant avant la Fin du Monde ». Poste sous CDIV (contrat à durée indéterminé à vie). Petits seins acceptés. Gros salaire. Logée sur place.

Quelle aubaine, je cherchais à me caser, j’en avais marre de barouder sans poser mes fesses autre part que sur des matelas miteux de villes sans lumière.
La fin du monde ça paraissait chouette, du moins tous ceux qui y étaient allés en revenaient transformés. Faut dire qu’au prix du voyage et du repas c’était la grande classe, avec un peu de chance un milliardaire tomberait amoureux et m’enlèverait sur son vaisseau blanc. On avait beau être aventurière on n'en était pas moins romantique pour autant.

Je n’attendis pas longtemps la réponse de l’agence, la place était pour moi. J’aurais dû me méfier en signant le contrat qui m’engageait à vie mais la précarité inter galactique avait eu raison de mes doutes.

Le lieu était magique, immense en forme d’étoile à cinq branches, sol en marbre, un comptoir de 80 mètre en peau de lézard, un dôme central couvert de pierres brillantes.
Magnifique oui…mais quelle galère à nettoyer ! Des lustres partout, des strass à faire briller…puis vous croyez que la peau de lézard ça se nettoie à l’eau de javel, vous ?

La première fois que l’on assiste au spectacle de la fin du monde, on est émerveillé mais on flippe grave. Le contrat que j’avais signé stipulait que je travaillerais à Milliways jusqu’à ce que mort s’en suive. Et me voilà contemplant la fin du monde, le présentateur Max faisait monter la pression tandis que les cieux étaient en train de se disloquer, les étoiles de partir en fumée, tout le paysage n’était qu’explosion.

Je m’interrogeais sur la durée de ce contrat quand le directeur nous expliqua à moi et aux autres nouvelles serveuses le fonctionnement du restaurant. On a beau se douter que ce dernier ne va pas exploser avec la fin du monde, ça fait quand-même du bien d’entendre que le restaurant est construit sur une distorsion temporelle et protégé par un champ de force. A la fin de la soirée les relastatiques temporelles maintiendraient le lieu qui reposerait sur rien, puis retour à la veille de la fin du monde pour nettoyer et préparer à recommencer le dernier jour du monde.

C’est là que j’aurais dû me rendre compte de l’interminable horreur dans laquelle je venais de m’embarquer.
Vivre continuellement bloquée entre la veille et le dernier jour du monde.
Fini le ciel bleu, les étoiles, les soleils...

Notre paye ne servait à rien, d’ailleurs on ne nous en donna pas, du moins pas sous forme visible. Je mangeais les meilleurs mets de l’univers, buvais les meilleurs vins, étais paré des plus belles étoffes, à la dernière mode, avais une belle chambre avec vue sur le néant.

Mais le peu de temps libre qu’il nous restait ne servait à rien puisque nous étions bloqués à l’intérieur du restaurant sans d’autres loisirs que d’admirer le néant.

Impossible de partir, à part fuir dans un vaisseau, en douce mais pour cela fallait encore trouver quelqu’un qui veuille bien m’emmener et comment se faire des amis avec des clients qui ne reviennent pas. La fin du monde on vient voir ça une seule fois en général ou alors si on revient c’est avec sa petite amie pour l’épater mais il y a peu d’habitués de ce spectacle désolant.

Au bout de quelques années, j’avais pris mon mal en patience, je supportais l’infâme Max et ses commentaires invariables, les cris des clients quand le monde disparaissait, les collègues de travail déprimés, bref je me réfugiais au sous-sol quand je n'en pouvais plus pour discuter avec un drôle d'androïde paranoïaque et maniaco-dépressif, Marvin, oublié là et qui se plaignait toute la journée, mais au moins j’avais trouvé plus dépressif que moi, c’était ma thérapie.

Je voyais passer des clients de toutes les époques, les planètes, mais impossible de lier amitié avec personne.

Puis un jour, on m’attribua une table occupée par une bande de copains venus du complexe Alpha, ils étaient marrants. Ils faisaient des jeux de mots stupides et je me forçais à rire avec eux. Ils avaient avec eux un vieux qui n’arrêtait pas de me mater, je l’allumais toute la soirée quand je remarquais un de leurs chefs, un beau brun alcoolique. L’affaire fut dans le sac (et mes affaires furent vite emballées), quelques sourires et quelques boissons corsées et le beau gosse convainquit tout le monde de m’embarquer avec eux sur leur vaisseau de retour.

Depuis je vis avec ce beau brun ténébreux et plus question de retourner à Milliways, ils m’ont adoptée et j’ai adopté un chien, on se marre bien on est une bande de jeunes...enfin on est une bande de vieux…

Fin de l’aventure !

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  • Remuer sans faire tourner la mayonnaise… Une envie de partager quelques réflexions sur le monde qui nous entoure, de titiller votre vision de la vie, d’échanger et débattre sur des sujets variés…sur un ton léger et décalé.
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