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Remue Méninge
5 mai 2008

La jeunesse de Prostetnic Vogon Jeltz

Récit imaginaire écrit dans le cadre d'un concours proposé par "Le voyageur galactique" dont j'ai gagné le second prix, une peluche Marvin, vous pouvez lire tous les récits en cliquant "ici".

C'était la première fois que j'écrivais un texte pour un concours, donc je suis super fière d'avoir gagné un prix. Bon ok, il faut que je rajoute par honnêteté qu'il n'y a eu que 4 textes en compétition, donc le deuxième prix sur quatre c'est pas non plus un exploit !  Mais quand-même...surtout le prix en lui-même, la peluche Marvin, c'est classe!

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Prostetnic Vogon Jeltz, dans sa jeunesse, n’était pas un Vogon différent des autres Vogons de son âge. Il était juste plus laid et avait un nez busqué comme tous ces congénères dégénérés.
Il faut dire que la race des Vogons ne brille pas par sa diversité mais plutôt par son ignominie.

Comme les autres Vogons, Prostetnic ne s’intéressait qu’à deux choses : écrabouiller des crabes et ricaner devant les jeunes Vogones.
Comme il était petit de taille, ces dernières ne lui jetaient pas des regards langoureux en clignant des yeux. Précisons que ce n’est pas une habitude de drague chez les Vogons, ceux-ci préférant envoyer des questionnaires type en recommandé avec accusé de réception en cinq exemplaires déclarant leur flamme de la plus curieuse des façons.
Les plus doués d’entre eux se risquaient même à un poème en guise de questionnaire.

Les parents de Prostetnic avaient pour lui un somptueux avenir tracé dans l’administration, à classer des papiers. Métier noble par excellence et notre jeune écraseur de crabes, sans qu’il n’ait eu son mot à dire, fut envoyé à la Haute Ecole Administrative Vogone.

Prostetnic occupait donc ses journées à étudier les différentes façons de classer des formulaires, les positionner par piles sur une étagère selon l’ordre d’arrivée, les tamponner puis les refiler au bureau d’à côté qui fera de même jusqu’au vide-ordures situé dans le bureau le plus éloigné ou bien les classer par le vide, cette dernière méthode étant bien sûr la plus efficace.

Durant les rares loisirs que lui laissaient ses études prégnantes, Prostetnic écrabouillait donc des crabes et commençait par la tête, car il s’amusait de voir la bestiole courir dans tous les sens sans pouvoir voir où elle allait.
Si ce passe-temps n’inquiétait pas ses parents, puisque ce jeu était intergénérationnel, il n’en allait pas de même avec une activité beaucoup plus cachée de leur fils.
Prostetnic avait la fâcheuse tendance à s’enfermer dans sa chambre et à déclamer de la poésie en se regardant dans la glace, pensant être seul !

La mère de Prostetnic en était toute retournée de voir son unique fils sombrer et quand avec un air innocent (tant soit peu qu’un Vogon puisse arborer un air innocent), elle le voyait monter dans sa chambre pour se reposer, elle ne pouvait s’empêcher de penser à cet oncle maudit, qui avait fait une carrière de professeur de poésie et qui était venu il y a quelques mois leur réciter quelques unes de ses créations poétiques.
Non ! Son fils ne deviendrait pas un artiste, il devait comme toute sa lignée d’ancêtres responsables manquer d’originalité, c’était une marque de fabrique de la famille à laquelle elle tenait plus que tout.

Prostetnic, lui, ne se doutant pas que son secret était découvert, continuait à s’exercer devant la glace et à réciter sa toute dernière création que lui avait inspiré une jeune Vogone qui étudiait avec lui.

« Oh ! Ma douce glaire,
Quand je vois ton profil tordu,
J’en frétille ma graisse
Veux-tu être ma bougresse ?
Oserais-je comme un glandu
Un jour en ta présence me taire ? »

Il faut avouer que même si la poésie Vogone était reconnue pour être la troisième plus exécrable de tout l’univers, Prostetnic avait quelques aptitudes qui aurait pu faire de lui un grand nom de la littérature Vogone.

Mais son destin, et surtout ses parents, en avaient décidé autrement.

A la fin de ses études, son diplôme de classeur d’archives 6ème zone en main, il attendait fièrement son premier poste dans la grande administration.
Les postes étaient attribués de manière très réfléchie, c’est à dire par la méthode dite aléatoire qui consiste à jeter dans un panier à crabe (les Vogons ne connaissant pas le chapeau, invention terrienne d’après le Guide Galactique) les noms des nouveaux diplômés et ce quelle que soit leur spécialisation, dans un autre panier une liste de métiers potentiellement disponibles.

Cette méthode, réputée efficace pour développer l’incompétence administrative, avait pour avantage de ne pas pouvoir être truquée.

C’était sans compter avec l’ingéniosité de notre jeune Prostetnic.
Celui-ci avait depuis ses derniers jours de cours déclamé son poème à sa jeune collègue. Cette dernière, pourtant impressionnée par son texte, ne lui avait pas donné d’espoir. Elle lui expliqua que la petitesse de Prostetnic l’empêchait d’établir tout contact amoureux au risque de devenir la risée de tous les adolescents de son âge.

Mais Prostetnic savait qu’un espoir existait et se promit de devenir poète.

Il imagina un stratagème pour truquer la sélection du panier à crabe. Il s’introduisit une nuit dans les locaux, passant sous le nez de deux gardes qui se disputaient à propos du futur championnat de lancer de crabes.
Son plan était simple, il lui suffisait de remplacer tous les papiers indiquant les différentes carrières par d’autres où il était écrit « carrière : poète ».

Quelques jours plus tard, au moment tant attendu de la délibération du jury de sélection des carrières, plusieurs dizaines de Vogons se virent offrir une carrière de poète, carrière administrative inexistante, ce qui ne dérangea nullement le jury dont la compétence équivalait à tous les jurys de tous les autres systèmes planétaires.

Prostetnic était furieux, sa colère se manifestait par des hurlements indicibles et une tendance à mouliner avec ses petits bras en vociférant des gné, greheu, graboudyeux, grognibeurk et autres mots en « G » qu’il affectionnait particulièrement.
Sa colère était légitime, il faut dire que son nom n’avait pas été tiré au sort, pour la simple raison qu’il avait oublié de le rajouter en plusieurs exemplaires dans le panier adéquat.

Alors que notre jeune idiot se morfondait en écrabouillant quelques centaines de crabes, sa mère quant à elle était de fort bonne humeur.

En effet, elle n’avait pas réussi à s’introduire dans les locaux de l’administration à temps avant le tirage du jury et était rassurée que le nom de son fils n’ait pas été retenu pour entamer une carrière idiote de poète.
Tout n’était donc pas perdu, et elle pourrait mettre en exécution son plan avant le prochain tirage du lendemain.

Son projet était simple, il fallait éloigner du nid familial le plus vite possible Prostetnic pour qu’il puisse enfin trouver sa voie dans une carrière prometteuse. Pour cela il suffisait qu’il soit choisi le plus rapidement par le jury quelle que soit la carrière qui s’offrait à lui.

Elle soudoya donc un des gardes en lui envoyant un formulaire déclaratif d’intention de libertinage en cinq exemplaires et, avant le rendez-vous dit du passage à la casserole, elle put admirer les locaux de l’administration centrale et dérober les bulletins nominatifs et les remplacer par des dizaines au nom de son fils.

Le lendemain, Prostetnic fut donc appelé pour exercer une carrière militaire et faire ses débuts dans la flotte galactique.

Drôle de destin tout de même pour un ex-élève au classement d’archives 6ème zone. Il n’y a rien d’anormal (si toutefois on peut parler de normalité concernant les Vogons) puisque ce jour-là le jury choisissait les carrières des anciens étudiants de l’Ecole Militaire et non de l’Ecole Administrative, mais cela la mère de Prostetnic n’en savait rien.

Prostetnic dut quitter le cocon familial et s’enrôler pour le prochain départ d’un vaisseau dernier cri au poste de pilote, lui qui n’avait jamais conduit autre chose que des sortes de gazelles qui mouraient immédiatement dès qu’on leur grimpait sur le dos.

Ses débuts furent chaotiques et il suffit de quelques secondes pour qu’on lui retira le manche à balai qui servait de guidon au véhicule spatial et que le capitaine s’exclama :
« Bougredandouille, mais c’est quoi ce déchet qu’on m’a mis au pilotage, qu’on l’affecte au nettoyage des papiers gras d’emballages, il ne pilotera jamais un vaisseau tant que je serai en vie »

Ce capitaine mourut étrangement quelques semaines plus tard, étranglé par des liasses de papiers gras sans qu’on ne sache jamais qui était à l’origine de cet accident domestique et un jeune Vogon, nommé Prostetnic Vogon Jeltz, fut nommé capitaine suite à un étrange tirage au sort mais ceci est une autre histoire.

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