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Remue Méninge
9 novembre 2012

Chasing the Dragon Part II

Comme tout bon insomniaque, Samuel Vimaire détestait être réveillé en pleine nuit. Surtout pour découvrir des inconnus aux intentions suspectes dans son salon. 


Il avait été confronté maintes fois à des situations tendues, et ce n’était pas une princesse étrangère - accompagnée par ses lieutenants et trois dragons – en train de s’enguirlander avec un nain et un grand échalas aux mimiques sardoniques qui allait l’effrayer. Toutefois, il avait fait mander les membres du Guet de garde ce soir-là pour l’assister dans son interrogatoire. C’est donc flanqué du troll Détritus, de la naine Petitcul et du présumé-humain-sous-réserve-d’étude-approfondie Chicard Chicque qu’il tentait de clarifier la situation :

« - Bon, résumons, mademoiselle princesse : vous venez d’un autre monde, dont personne ici n’a jamais entendu parler, mais où vous avez tout de même appris l’existence de ma femme et de son refuge. Vous élevez trois dragons que vous avez mis au monde, tout le monde veut vous les piquer parce que, lorsqu’ils seront grands, ils vous aideront à être la foutue reine de sept foutues couronnes.

- C’est très grossièrement exposé, mais c’est à peu près ça. Par contre, je vous signale qu’une loi a été votée et qu’on ne dit plus madem...

- Bon, et vous, le nain, vous avez emprunté le couloir spatio-machin-truc ouvert par Mademoiselle madame pour parlementer avec elle, et vous nous dites que le passage va amener des gens plus redoutables que vous.

- Des gens qui n’ont ni ma retenue ni mon intelligence en effet, et qui privilégient donc l’usage de la force à défaut de pouvoir pratiquer l’art de la diplomatie.

- Mais comment savoir si vous êtes un nain ou une naine ? – interrompit Petitcul – Vous êtes imberbe...

- Si vous étiez une femme, je m’isolerais volontiers quelques instants avec vous pour vous éclairer,

- Sachez qu’ici, une naine porte la barbe aussi bien que les nains ! Votre monde a l’air bien pourvu en préjugés rétrogrades et sexistes !

- Suffit, Petitcul – reprit Vimaire – le temps presse si les amis malfaisants de ce bout d’homme sont vraiment en chemin. Qu’avez-vous à proposer d’acceptable à cette jeune femme, qui pourrait résoudre la situation et vous faire tous déguerpir fissa de mon tapis et de ma ville par la même occasion ?

- Moi ? Rien du tout. J’attends par contre avec impatience ses propositions.

- Des propositions de ma part ? – ricana Daenerys – À part vous réduire en pâtée pour dragons, je n’en vois pas d’autres !

- Nierez-vous que c’est votre sceau personnel qui fermait ce message que j’ai reçu par corbeau ? Un dragon tricéphale crachant du feu par ses trois bouches, cela est sans conteste l’emblème Targaryen. « Rejoignez-moi à Ankh-Morpork, au refuge pour dragons de l’avenue Scoune, pour affaire vous concernant », on ne peut être plus clair, non ? Bon, vous auriez pu aussi joindre l’itinéraire, mais j’ai de la ressource. »

Arrachant le parchemin des mains de Tyrion, Daenerys se figea en lisant les mots tracés à la plume, la bouche grande ouverte. Son ébahissement ne lui permit pas de réagir aussi promptement qu’elle l’eût souhaité à l’intrusion du nouveau venu, qui d’une voix d’or teintée de suffisance et d’ironie apostropha Tyrion :

« - Tu n’as pas été plus explicite dans ton message, frérot ! Tu m’as promis à Ankh-Morpork le fracas de la bataille et la lumière de la gloire, mais je ne vois ici qu’un couple de sympathiques et inoffensifs bourgeois, quelques gardiens de l’ordre débonnaires, et une gamine avec trois chiots et les sauvages chargés de ramasser leurs crottes sur le trottoir.

- Mais, Jaime, je ne t’ai jam... »

La réaction tardive mais tonitruante de Daenerys mit fin aux protestations de Tyrion :

« - Jaime Lannister ! Régicide, parjure ! Jhogo, Aggo et Rakharo, saisissez-vous de lui et découpez-le en morceaux, il a égorgé mon père qu’il avait juré de servir et protéger au prix de sa propre vie !

- Ma petite, votre emportement vous égare. Vous n’avez même pas remarqué la présence de mon compagnon, bien qu’elle soit imposante même aux yeux d’une écervelée emportée par la folie et l’orgueil propres à sa lignée. Je vous présente ser Gregor Clegane, dit la Montagne, allez savoir pourquoi ! Retenez vos roquets, d’un seul coup de son épée, il coupe un cheval en deux, alors trois sans-papiers mal nourris, vous pensez...

- Lâche ! Vous vous abritez derrière cette brute. Vous avez perdu tout honneur et tout courage le jour où vous avez assassiné mon père par traîtrise...

- C’est désolant pour vous qu’il fut votre père. Quand un homme s'éloigne à ce point de l'image qu'il donne, et qu'il est en charge des Sept Couronnes, s'il est entouré de gens responsables, ils n'ont pas d'autre solution que de l'abattre. »

C’est cette déclaration qui sortit Samuel Vimaire de son apparente léthargie. S’interposant entre les deux clans, il gueula :

« - Personne ici ne découpe ou n’égorge personne ! Mon toit, ma loi, et mon toit c’est toute cette foutue ville ! Et puis, ne jugez pas les rég... non, rien... »

Tout le monde s’observant en chiens de faïence, personne ne remarqua Détritus qui arrachait un énorme bloc de la cheminée de marbre pour l’abattre violemment sur la tête de Gregor Clegane. Ce dernier leva un sourcil, puis percuta de plein fouet Détritus, au grand bonheur de celui-ci.

C’est la petite voix de Lady Sybil qui vint dissiper le moment d’incompréhension quasi-unanime qui s’ensuivit :

« - Chicard, on m’a dit que vous prépariez admirablement le thé au poste. Veuillez me seconder : une petite tasse fera du bien à tout le monde, je crois. »


(À suivre...)

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