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Remue Méninge
9 novembre 2012

Chasing the Dragon Part III

Tout en sirotant sa troisième tasse de thé noir très fort, Samuel Vimaire ruminait sur la condition de policier. Les insomnies, les courses après les meurtriers sur les toits les jours d’orage, les horions et les tenues de sortie ridicules, passe encore. Mais ce qui est franchement horripilant, c’est que c’est toujours le flic de service qui doit faire le résumé des épisodes précédents. Enfin, quand il faut y aller...


S’éclaircissant la voix, Vimaire prit la parole :

« - Bon, pour être précis, vous vous envoyez des messages sans arrêt sans vous souvenir l’avoir fait, vous engagez des reîtres qui sont en fait des trolls femelles, le dragon noir a fait fondre trois bouilloires en soufflant dessus, et d’autres visiteurs de votre monde vont se pointer, mais vous ne savez pas combien ni qui...

- Ah, dit Jaime Lannister, j’ai bien vu un loup-garou rôder dans la rue avant d’entrer, mais je ne sais pas si c’est un Stark, il est blond...

- C’est une louve-garou, alors, le Sergent Angua qui fait sa ronde. Überwald est une région bizarre, mais pas autant que votre pays de fous.

- Je ne vous per... Mais, pourquoi êtes-vous tout nu d’un seul coup ? »

Soudainement, la vision qu'avait Jaime de l'assemblée changea du tout au tout, comme si un voile de fumée s'était déchiré, révélant la vraie nature de la situation. Chacune et chacun se trouvait nu ou nue, et une douce fragrance érotique faisait luire les regards et se rapprocher les corps. Daenerys était superbe, et ses yeux exorbités dirigés vers Jaime lançaient une invite brûlante. Il se rapprocha, contournant les groupes qui se formaient dans des positions scabreuses, et se colla contre la belle princesse, puis...

Bon, c'est pas de la littérature de gare, hein ! On ne va pas rentrer dans les détails juste pour vendre. En résumé, dans la vision de Daenerys, Jaime avait une main droite en or, et elle sut très bien en faire usage...

Tyrion et Petitcul étaient enlacés et se penchaient sur un berceau :

« - Hilare, ne trouves-tu pas qu'il ne peut y avoir de meilleur nom pour un roi que Chicard ?

- Composeras-tu une chanson pour lui ?

- Il en a déjà une. Comme il est le crapaud qui fut promis, sienne est la chanson de la glace et du feu. Il doit y en avoir cependant une autre... »

Prenant sa harpe et laissant ses doigts courir avec légèreté sur les cordes d'argent, Tyrion se mit à égrener les premières notes de la Chanson du hérisson.

Ce n'est pourtant pas cette musique-là qui adoucit les mœurs sauvages de Bronn et des sang-coureurs de Daenerys. Attablés dans une taverne, d'énormes pichets d'une bière âcre et noire devant eux, ils braillaient des chansons paillardes en lutinant des ribaudes assises sur leurs genoux. Le chahut incohérent de leurs grasses plaisanteries, de leurs rodomontades et de leurs défis avinés ne connut qu'un moment de répit lorsqu'ils arrivèrent à accorder leurs voix de rogomme pour entamer un hymne guerrier. Pour faire bonne mesure, ils la chantèrent soixante-dix sept fois, en reprenant une tournée à chaque fois.

Samuel Vimaire était bien loin de rire, pour sa part. Il se trouvait dans un tribunal, debout à la barre, mais son faciès était encore plus marmoréen que la normale, ses vêtements, ceux de ces juges et les atours de Lady Sybil, qui assistait angoissée au procès dans les premiers rangs de l'assistance, étaient d'une mode passée depuis des siècles.

« - Accusé, avant que nous prononcions la sentence, qu'avez-vous à ajouter pour votre défense et pour tenter d'expliquer votre geste atroce ?

- Le roi Lorenzo était de notoriété publique un fou sanguinaire ayant un goût prononcé pour les jeunes enfants et les chambres de tortures, le tuer était un devoir.

- C'était tout de même un roi, et on ne décapite pas de ses propres mains un roi assis sur son trône de fer. Vous êtes condamné à porter toute votre vie l'étiquette infamante de régicide, votre blason sera détruit et interdit, vos terres confisquées et votre maison rasée. Vos descendants porteront la marque de votre crime jusqu'à la fin des temps. »

Détritus et Gregor Clegane n'avaient aucune hallucination. Ils s'appuyaient simplement l'un contre l'autre, bloc contre bloc, avec un sourire béat.

C'est cet état unanime d'aveuglement qui explique que personne ne réagit quand surgirent les Conjurateurs, tous identiques avec leur crânes rasés, leurs visages émaciés aux yeux proéminents et leurs lèvres bleues. Pourvus de larges filets de pêche et de chaînes en acier valyrien, ils eurent tôt fait de capturer les trois dragons réduits à l'impuissance, sans causer aucune réaction des présents.

Ils seraient arrivés à leurs fins sans l'éclair de lumière octarine qui jaillit brusquement d'un bourdon passé fort opportunément par la porte laissée ouverte. Se tordant de douleur, les Conjurateurs ne furent plus bientôt que de petits tas de cendres, tandis que les dragons libérés s'ébrouaient en renâclant et que chacun sortait brusquement de son rêve, une impression fugace de gêne subsistant cependant.

« - Saperlipopette - dit l'Archichancelier de l'Université de l'Invisible Mustrum Ridculle en entrant, soufflant sur l'extrémité encore fumante de son bourdon – il n'y a qu'une seule bande de charlatans autorisée à leurrer les gens avec des tours de magie minables dans cette ville, et c'est nous ! Vimaire, cette intervention providentielle vaut bien une bouteille, non ?

- Il est certain que vous manquez singulièrement à vos devoirs d'hôte. – crissa une voix de métal inoxydable venue de derrière la stature imposante de l'Archichancelier – Cela ne m'étonne pas de vous, Vimaire, mais cela me surprend de la part de Lady Sybil..

- Être hospitalier avec ces va-nu-pieds qui débarquent chez moi en pleine nuit avec des problèmes de malades dont je me fous totalement ? - répondit Vimaire – Eh bien, ça ne me gêne pas de passer pour un goujat.

- Je ne parlais pas de ces hôtes-là, répondit le Patricien Vétérini en se dirigeant vers la cheminée. »

Faisant pivoter une des pierres, il libéra l'ouverture d'un passage secret inconnu de Lady Sybil elle-même. Puis il s'écarta du passage et ajouta :

« Je vous en prie, Monseigneur... »

(À suivre)

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