Pour titiller vos neurones, jouons au LSD !
Ce n’est pas la première fois que je vous propose un jeu inventé par l’OULIPO. Pour mémoire, l’OUvroir de LIttérature POtentielle, inventé en 1960 par de doux dingues tels Georges Pérec ou Raymond Queneau, se propose depuis d’explorer tous les aspects inattendus et surprenants du langage.
Le jeu que je vous propose aujourd’hui, créé par Georges Perec et Marcel Bénabou, s’appelle la Littérature Sémo-Définitionnelle : LSD
A partir d’un texte au contenu connu et un peu chiant, il s'agit de
détourner le propos en substituant aux termes employés des définitions
plus inattendues, afin de subvertir le contenu vers un résultat
loufoque. Il est possible de prolonger le "jeu" par étapes successives,
pour tendre... vers n'importe quoi!
Exemples
Énoncé de départ : « La marquise sortit à cinq heures. »
Étape 1 : « Le toit avancé soutenu par des piliers fut mis en vedette à l’heure du thé. »
Étape 2 : «
La couche supérieure qui touche à son terme sans familiarité avec les
fourches patibulaires est la sentinelle exacte qui croît à la Chine. »
…Ad libitum…
Énoncé de départ : «La chair est faible et j'ai lu tous les livres"
Étape 1 : "La viandaille défaillit et je sais tout"
Étape 2 : "Je n'arrive pas à bander, mais j'ai le cerveau de la taille d'une planète"
Ce jeu connaît des variantes.
Variante 1
Orienter le choix des définitions de façon à obtenir des textes qui ressemblent à des citations “ à la manière de ” :
Énoncé de départ :« Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat. »
Arrivée : «
Le conseil des prêtres assistant l’évêque a corrompu la femme qui se
noie dans ses illusions, dans ce pays fertile en manifestations
violentes » (Sade, Justine).
Variante 2
On choisit deux énoncés aussi différents que possible, avec l’objectif de passer de l’un à l’autre en un minimum de phases.
Voilà un exercice soumis à votre sagacité pour appliquer ce principe :
A partir de la phrase : « Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat », aboutir à « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Pour ma part, j'ai fait 3 étapes :
Étape 1: "La réclusion des curés est séductrice et on tire des feux d'artifice dans les potagers ouvriers"
Étape 2 : "Ouvriers, cultivez votre jardin! Les religions divisent les peuples"
Étape 3 : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!"
Ok, ma solution est tordue. Et je ne doute pas que vous ferez mieux.
D'ailleurs, outre le fait de trouver quelque chose de moins con, je
vous propose d’inventer en répliques des illustrations des différentes
variantes de ce jeu littéraire.