Si les couilles étaient des pommes…
…si les pommes étaient des couilles.
Comme chacun le sait, tout est dans tout bien au contraire et lorsqu’au
petit matin, à l’époque de la floraison des cerisiers, un papillon
déploie lentement ses ailes ourlées de la rosée des prés japonais dans
un bruissement enchanteur, s’il lâche brusquement un énorme pet
consécutif à son cassoulet de la veille au soir, et bien trois heures
plus tard, un charter rempli d’Afghans décolle de Roissy pour faire
fleurir les statistiques.
Si un événement si futile peut avoir des conséquences aussi importantes
à l’autre bout de la planète, imaginez l’impact sur la marche du monde
d’une inversion ontologique entre les couilles et les pommes !
Attardons-nous d’abord sur les couilles, car devant l’abysse de
l’inconnu grand ouvert par leur transformation en pommes, les scientifiques ne seront pas totalement démunis. En effet, des biologistes
émérites ont étudié et disséqué un spécimen au hasard,
nommons-le Francis pour la commodité, pourvu de couilles grosses comme
des pommes puisque 28 anges pouvaient danser sur la plus grosse des
deux et 14 sur l’autre.
C’est donc sans appréhension que nous pouvons affronter les
conséquences pratiques inéluctables de la transformation des noisettes
ridicules et fripées qui pendent entre les jambes des messieurs en
glorieuses et fermes sphères juteuses.
Si les couilles se transforment en pommes, donc, on connaîtra une
révolution dans le textile comparable à l’invention du string ficelle
qui a diminué par deux le volume de production de tissu pour petites
culottes, à la différence près que cette fois-ci, il faudra augmenter
considérablement et renforcer la texture des slips kangourou, des
calbutes et des boxers pour les mâles, les vrais… Les industries
européennes sauront-elles anticiper cette évolution pour reconquérir de
leur superbe ou bien, comme d’habitude, se laisseront-elles manger le
riz sur les couilles par les Asiatiques ? C’est là un des premiers
grands défis économiques de la décennie qui s’ouvre…
Mais il n’y a pas que le business dans la vie, il y a
aussi l’éveil de l’esprit. Si j’en crois mon cordonnier, le langage
nous véhicule vers l’autre et si les couilles deviennent des pommes,
comment veux-tu que je t’en parle ?
Car les changements linguistiques induits seraient porteurs de paix et
de joie. En effet, l’agresseur véhément qui chercherait à donner à son
adversaire un grand coup de genou dans les couilles serait neutralisé
en tombant dans les pommes, la pomme dans le pâté ou dans le fameux
potage aux cheveux d’ange ouvrirait des perspectives infinies pour
l’OuGaPo (1), le répertoire quadrillé de fond en comble du contrepet
s’ouvrirait à de nouveaux horizons avec les rimes en « omme »…
Le langage est d’ailleurs une excellente voie d’entrée pour examiner la
deuxième proposition de notre balancement dialectique, celle qui
transforme en contrepartie les pommes en couilles. « Couille de
reinette et couille d’api » pourriez-vous me dire, guillerets et
emportés par l’euphorie de ces changements radicaux, mais la réalité
est moins simple.
En effet, si on ne peut que se féliciter que la couille de discorde
soit plus simple à presser pour en extraire son fiel, ce qui réjouira
d’ailleurs nos amis discordiens qui célébreront la Sainte Couille tous les
23 du mois, si le slogan « Mangez des couilles » eût condamné son
auteur à la vindicte pour cannibalisme plutôt qu’à l’Elysée, si Bill
Gates succomberait certainement définitivement devant les assauts de
son concurrent La Couille, reste la question délicate et inquiétante de
la couille d’Adam.
C’est sur la base d’une hypocrisie salutaire que les religions dites du Livre
se sont construites, faisant cueillir à Eve une pomme réchauffée en son
sein par un gros serpent lové dans l’arbre. C’est sur la base de ce
non-dit que le roman-fleuve produit par les pisse-copie de Deus Inc.
est plus mièvre que la collection Harlequin, ce qui explique le
désintérêt salutaire que lui vouent nos générations éduquées dès 12 ans
par YouPorn… (2)
Imaginons au contraire qu’Eve eût gobé la couille, dans une allégorie
fondatrice digne de notre amie Clara Morgane. Le contenu idéologique des
religions monothéistes aurait été changé, les 11 000 verges
paraîtraient un livre pour enfants à côté du Testament I et II, de la
Torah et du Coran, les prêtres ne se marieraient toujours pas, non pas
par vœu, mais par préférence pour les orgies échangistes du dimanche
matin, auxquelles se précipiteraient des hordes de fidèles…
Bref, alors que l’esprit rationnel ne peut que se réjouir de voir
chaque jour la science et la connaissance faire reculer les ténèbres de
l’obscurantisme bondieusard, le triomphe de la couille supplantant la
pomme inverserait la tendance. J’en veux pour preuve dernière que
Newton n’aurait certainement pas pris conscience de la gravité
universelle en recevant une couille sur la tête…
Le basculement des pôles est imminent et irréversible. Et contrairement
à l’attitude pusillanime du papillon qui pète, il faudra prendre
position. Sinon, le ver s’introduira dans la couille et tout partira en
pomme...
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(3) Ouvroir de Gastronomie Potentielle
(4) Les théologiens pointilleux m’objecteront Sodome et Gomorrhe, les amours de Lot avec ses filles et le Cantique des cantiques. Certes, certes, mais comme disait Jean XXIII en sortant de la projection des Dix Commandements : « Pfuuu… C’est pas encore aujourd’hui que je vais tremper mon goupillon ! »