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Remue Méninge
17 septembre 2007

Poèmes fondus

Depuis ma tendre enfance, je suis un amoureux des richesses de la langue française, que je n’ai de cesse d’explorer. Depuis une vingtaine d’années, je me suis aussi entiché de ceux qui la font sortir de ses gonds, qui l’explosent, qui la renouvellent : surréalistes, ‘pataphysiciens, oulipiens…Artaud, Desnos, Vian, Queneau, Pérec, Le Tellier, Le Lionnais…

Jeux et contraintes linguistiques et sémantiques, explorations hardies, vous trouverez tout cela à foison dans les travaux de l’OUvroir de LIttérature POtentielle (OULIPO), créé en 1960 (1), et en particulier les « poèmes fondus » créés par Michelle Grangaud.

Définition :

« Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. On ne doit pas employer dans le haïku d’autres mots que ceux qui sont dans le sonnet, et on ne doit pas les employer plus souvent qu’ils ne le sont dans le sonnet.

On peut durcir la contrainte en fondant un quatrain en haïku :

« Tant de forêts flottent,
l’arbre court, les bois s’en vont
ensemble dans l’arbre. »

est ainsi la fusion du quatrain de Victor Hugo tiré des Feuillets d’automne :

« Elle court aux forêts où dans l’ombre indécise
Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,
Trouve la rêverie au premier arbre assise,
Et toutes deux s’en vont ensemble dans les bois ! »

- Nota : La ponctuation et l’ordre des mots du texte-souche sont totalement négligés. En revanche, les mots doivent être respectés à l’accent près : on s’interdira d’employer ou pour où, etc. »

Rappelons que notre ami Wikipedia définit ainsi le haïku : « poème extrêmement bref visant à dire l'évanescence des choses. »

Petit amusement : livrez-vous à l’exercice, avec des poèmes connus, pour en tirer des haïkus absurdes.

Deux exemples :

« Le ventre lubrique d'exhalaisons,
une femme brûlante en l'air
ouvrait les poisons »

est tiré d’un quatrain de Baudelaire (in « Une charogne ») :

« Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons. »

--

« Je vis trop molle et trop dure,
j'ai chaud de joie :
j'ai grands ennuis et me noie. »

est tiré d’un extrait d’un sonnet de Louise Labé :

« Je vis, je meurs; je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure:
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie. »

A vos plumes !

--
(1) deux sites indispensables : http://www.oulipo.net/  et http://www.fatrazie.com/ 

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  • Remuer sans faire tourner la mayonnaise… Une envie de partager quelques réflexions sur le monde qui nous entoure, de titiller votre vision de la vie, d’échanger et débattre sur des sujets variés…sur un ton léger et décalé.
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